de la combe murat

de la combe murat Teckel poil dur

Teckel poil dur

LA RACE


La race


 


Autour de l'épreuve de chasse sous terre sur renards au terrier artificiel


 


Je reviens de Wacourt et ai achevé le rapport du juge ; ii était vite fait, trop vite à mon goût, 3 chiens classés sur 13 !


 


Ceci m'a amené à réfléchir plus intensément sur les causes de cet échec. On ne peut le faire qu'en replaçant le tout dans son contexte, en examinant tout ce qui gravite autour du but recherché : la réussite à l'épreuve et l'attribution du sigle BHFK actuellement seul label de qualité psychique de nos Teckels.


 


Plusieurs observations sont à la base de ces réflexions :


 


De plus en plus nous assistons à des combats inégaux ; plusieurs raisons à cela : le métier » des renards tenus longtemps en captivité, ayant une parfaite routine du terrier ; apprenant très vite que la meilleure défense c'est l'atta­que. D'où l'action souvent très amusante pour nous (elle l'est moins pour le chien) du renard « accompagnant » son ennemi naturel à l'entrée du terrier.


 


?.. La différence de poids.


 


Les renards de captivité parfaitement nourris et se reposant 360 jours par an sont en pleine forme, à de rares exceptions près, plus lourds que les chiens dont la mode et la préfé­rence actuelles vont vers les produits de 7 kg et moins ; le fossé se creuse de plus en plus entre poursuivi et poursuivant, ceci au bénéfice du premier. Qu'on le veuille ou non, rame­nés à l'échelle humaine, ces combattants ressemblent à deux boxeurs ; l'un poids lourd, l'autre poids moyen, donc de catégorie différente. Dans ces conditions il est normal qu'une grande majorité de chiens ne fasse pas le «poids». Ceci pour l'inégalité renards-chiens.


 


3. La différence dans le comportement des renards d'épreuve.


 


Dans le classement d'une épreuve, l'inégalité de chances d'un chien par rapport à un autre est donc très souvent fonction du poids de chacun. Cependant, les renards, par suite d'une trop grande différence dans leur comportement individuel, accentuent cette inégalité. Sur quatre renards de concours, nous avons toujours un, voire deux fauves « po­lis » de la trempe des « accompagnateurs », et un lâche de ceux qui se blottissent au fond d'une mare.

3. La différence dans le comportement des renards d'épreuve.

Dans le classement d'une épreuve, l'inégalité de chances d'un chien par rapport à un autre est donc très souvent fonction du poids de chacun. Cependant, les renards, par suite d'une trop grande différence dans leur comportement individuel, accentuent cette inégalité. Sur quatre renards de concours, nous avons toujours un, voire deux fauves « po­lis » de la trempe des « accompagnateurs », et un lâche de ceux qui se blottissent au fond d'une mare.

Je sais que ces différences de comportement des renards existent également dans la nature, en chasse pratique. Il m'est arrivé de voir se sauver (je n'avais même pas encore chargé le fusil) un renard à l'autre bout du terrier, alors que mon chien venait juste de rentrer à un mètre sous terre en aboyant. Par ailleurs, j'ai vu revenir des chiens à la surface, en marche arrière, les yeux du renard brillant devant le nez ensanglanté du chien. Mais nous sommes à l'artificiel, une épreuve reine dans la conduite de nos élevages, une épreuve qui cherche moins à former les chiens de chasse sous terre qu'à sélectionner des chiens à caractère, supports de la race. A quoi nous sert-il alors de sacrifier des chiens dans un combat inégal, à des renards à comportement anormalement agressif ? Mais aussi à quoi nous sert-il de décerner le sigle à un chien lâche ayant eu la chance de se trouver en face d'un renard lâche ?

Nous avons donc le devoir d'être objectifs en égalisant les chances, car ce n'est qu'alors que le classement prend toute sa valeur pour notre choix de reproducteurs.

Comment ? Cela n'est pas facile et il est utopique de croire que nous pouvons éliminer toutes les erreurs ou iné­galités. Mais nous pouvons faire certaines choses dont une consiste à produire, pour le travail, des chiens « format travail » capables de tenir en respect un renard. Un petit chien (7 kg et moins) a peu de chances de maîtriser un fauve : il adoptera une tactique de harcèlement et de repli, mais arrivera rarement à s'imposer, à faire prise, et encore moins à la tenir. Ce qui ne veut pas dire qu'il ne faille pas tenter l'épreuve BHFK avec des chiens de petit gabarit : bien au contraire. J'admire personnellement toujours (malheureu­sement cela arrive trop rarement) ces nains pleins de har­gne se maîtrisant difficilement pour ne pas foncer dans la peau du fauve, se sachant trop faibles Je dis simplement qu'il ne faut pas s'attendre à des miracles en l'engageant car, dépasser avec ces chiens le 3'' ou le 2' prix moyen relève trop souvent de la chance ou de jugements favorables (ici comme ailleurs l'exception confirme la règle...) et faire le sigle est déjà une performance digne d'éloges. Si donc, le producteur ou le propriétaire tient au petit modèle et le produit sciemment, qu'il sache que ses sujets sont forcément défavorisés dans cette épreuve ; raisonnablement et iuste-ment défavorisés, car, à moins d'être un « David », il leur est difficile de venir à bout de « Goliath ». C'est une simple question de bon sens.

Il faut avouer cependant qu'à la longue ces échecs ou, dans le meilleur dés cas, ces mauvais classements, n'inci­tant pas à la persévérance, tant du côté du chien que du maître. Or, et nous le savons tous, le maintien, voire même une plus grande extension de cette épreuve BHFK deman­dant du courage et de la passion est absolument indispen­sable si nous voulons garder et développer ces caractéris­tiques qui distinguent nos teckels d'autres races ; ne l'ou­blions pas, ces caractères sont pour une grande part respon­sables dans la vogue que connaît notre race.

A cet effet, replaçons-nous seulement quelque vingt ou trente années en arrière ; nos pères et grands-pères élevaient le teckel pour le travail ; leur salaire suffisant à peine pour nourrir la famille, ils ne s'embarrassaient pas de chiens incapables, très tôt envoyés au ciel des toutous d'une charge de plomb. C'était dur, trop dur peut-être, mais n'empêche que nous avons profité de leur intransigeance dictée par la nécessité et peut-être aussi par un certain réalisme ; ils nous ont légué des chiens parfaitement équilibrés, combatifs, intel­ligents, mordants, capables d'affronter grand et petit gibier sur et sous terre. Pourquoi par exemple ont-ils créé le « Kaninchen-teckel »? A coup sûr pas pour permettre aux générations suivantes de le diriger avec un beau collier et une laisse encore plus belle vers un fauteuil ou un canapé ! Ils avaient besoin d'un chien pour chasser le lapin, ils l'ont modelé en fonction des besoins. Actuellement on oublie tota­lement cette destination première ; de toute façon on ne fait plus rien pour essayer de lui garder, en dehors de sa mor­phologie, ses qualités de chasseur de lapins. Dommage !

Dès que la mode s'empare d'une race de travail elle est perdue ; les exemples sont nombreux, tout le monde en connaît. Ne sommes-nous pas en train de verser dans la même erreur que d'autres races ? Ne devons-nous pas éviter de subir cette douce agressivité de la mode en imposant nos conceptions de qualité, plus réalistes, rejoignant la destination première de notre race ?

A mon avis, et quitte à faire bondir les éleveurs de beauté, la sélection sur le caractère devrait primer sur celle de la beauté. Pourquoi ? Parce* que l'équilibre psychique, la com­battivité, l'intelligence seront dans cent ans encore ce qu'ils sont actuellement : des caractères immuables, aussi indis­pensables aujourd'hui qu'hier ou demain et toujours autant appréciés quelle que soit la forme du teckel. Tandis que les critères de beauté changent continuellement et continueront de changer : les couleurs, les qualités de poils, les formes de tête, les aplombs, peut-être même les des ; ce qui était beau il y a vingt ans ne l'est plus aujourd'hui ; dans vingt ans nos teckels actuels seront également « démodés ».

Donc, ignorer dans notre sélection l'importance de ces caractères psychiques équivaut à nous condamner à longue échéance, nous et nos chiens. Le plus grand de mes soucis est que, en France surtout, mais c'est également vrai hors de nos frontières, la mode s'empare à tel point de nos teckels poils durs que nous risquons, sous prétexte de devoir faire du beau chien à tout prix, de suivre les traces des teckels poils ras et poils longs et de leurs éleveurs. Les qualités de travail de ces deux variétés de poils se perdent et les éleveurs conscients ce cette évolution (il y en a), ont bien du mal à les reconquérir. Ne faisons pas de même avec les poils du/s. ! Ce n'est pas encore un cri d'alarme, mais une préoc­cupation personnelle qui, j'espère, ne se concrétisera pas.

Revenons donc aux solutions après avoir soulevé les dif­ficultés et les nécessités de toutes sortes rencontrées dans l'élevage de la race qui nous intéresse, et revenons plus c spécialement aux plus petits d'entre nos amis à quatre pattes ; les moins de 6 kg, seuil que j'estime fatidique pour le travail sous terre.

J'avoue être incapable, malgré mon vif désir, de faire une proposition constructible qui tienne à toute critique. N'existe­raient toutes les difficultés inhérentes à la mise en pratique, je serais tenté de plaider pour un jugement distinct de ces chiens petit gabarit. Mais dans le fond cela ne changerait pas grand-chose, les critères minimum d'attribution du sigle BHFK ne pouvant et ne devant être abaissés à aucun prix ; n'en résulterait simplement qu'un meilleur pointage, ce qui n'est pas tellement important.

Mais la question reste posée. Nos teckels « miniature » ne font pas le poids en face d'adversaires deux fois plus lourds et de force peut-être quintuplée ; ils apprennent vite à leurs dépens et réagissent en conséquence.

Que l'on me comprenne bien ; loin de moi l'idée de vou­loir «diluer» notre épreuve BHFK (et nous y reviendrons par la suite) ; je voudrais simplement trouver une formule per­mettant aux petits teckels de prouver leur courage, leur équilibre nerveux, leur caractère, à défaut du « mordant » qu'ils sont dans l'impossibilité de démontrer vu leur handicap physique. Je trouve illogique de vouloir imposer à un être quelconque un travail pour lequel il n'est pas constitué.

Peut-être la solution pour nos teckels réside-t-elle dans la création, parallèlement à cette épreuve BHFK facultative, mais but pour tout éleveur sérieux de teckels de chasse, d'un examen de confirmation du caractère où le courage n'est pas mesuré au seul critère de « mordant » ? Mais, tout de suite, s'y greffe une autre question : les éleveurs de nains et de kaninchen, voire standards petit modèle, et en règle générale tous les éleveurs de beauté, sont-ils consciente de l'intérêt d'un tel examen, de l'importance fondamentale de n'élever qu'avec des chiens de caractère, équilibrés, cou­rageux, hardis et non pas seulement beaux ? C'est finale­ment là tout le problème car trop d'éleveurs de teckels stan­dard qui, eux, n'ont pas d'excuse à faire valoir, ignorent aussi totalement l'intérêt capital de l'épreuve BHFK pourtant mieux à leur portée !

Les principes de cet examen seraient à définir, mais ii n'est pas interdit de penser qu'on pourrait trouver d'autres critères de courage que le combat inégal teckel petit gabarit-renard. Le comportement au bruit (coup de feu), au change­ment de milieu, la peur du noir, la réaction envers une main étrangère, le comportement en face d'un grand chien, la réaction à l'odeur du fauve ou à la vue d'un sanglier (ou d'une- grenouille !) entre autres bien sûr, pourraient servir c'a tests à la délivrance (ou refus) de ce certificat de confir­mai on. Un tel examen, obligatoire avant reproduction pour tout chien n'ayant pas le BHFK, nous ferait peut-être avancer plus que l'épreuve de chasse sous terre, facultative pour ia reproduction et en tout cas ignorée, crainte et soigneuse­ment évitée par la grande majorité des propriétaires et éle­veurs de teckels.

A l'image de la confirmation beauté où nous éliminons les « déficients morphologiques », nous éliminerions ainsi les < déficients psychiques » qui nous causent autant, sinon plus, de tort et de soucis que les chiens vilains. Si nous trouvions le courage d'introduire et aussi... d'accepter un tel examen, je suis persuadé que nous aurions fait un grand pas dans la sélection de notre race.

Ceci nous amène d'ailleurs à réfléchir sur le critère « mor­dant >> dans notre épreuve BHFK. Que comporte cette dis­cipline ?

C'est bien sûr, et en priorité, l'action de mordre, c'est-à-dire de faire prise. Pour y arriver le chien doit attaquer tout en encaissant les coups du renard ; c'est là qu'il doit montrer tout son cran. La prise est donc le couronnement d'un travail demandant l'extériorisation d'une qualité fondamentale : le courage. Seulement nous savons tous que ce n'est pas si simple : au courage instinctif doit s'ajouter, pour beaucoup de chiens, l'efficacité de la prise, faute de quoi le candidat se décourage très vite ; c'est ce que nous constatons tous aux entraînements, voire même aux épreuves, où. après des débuts prometteurs, le chien, faute de placer une prise effi­cace mais aussi et surtout faute de supporter les coups de l'adversaire, garde ses distances. Un premier critère essen­tiel du mordant est donc la prise. Un deuxième est ce qu'on pourrait appeler la capacité d'endurance aux coups ; les chiens qui ne savent pas encaisser ne seront jamais des « champions » même si au départ, ils avaient la volonté de faire prise. A mon avis la prise est une suite logique de cette capacité ; si le chien ne la possède pas il fera une fois prise par hasard au premier contact, ou sporadiquement par la suite, lorsqu'il se trouve en face d'un renard qui ne se défend pas ; ce sont généralement des chiens très intelli­gents mais pas forcément des plus courageux, même s'ils sont « mordants » par intermittence. C'est la raison pour laquelle je n'attache personnellement qu'une importance relative à toute prise qui n'est pas répétée. Ceci pour montrer à quel point tout se tient et combien les facteurs composant cette discipline sont nombreux et divers : prise, capacité d'endurance aux coups, intelligence, auxquelles s'ajoutent le poids du chien, sa condition physique, son aisance d'évolu­tion dans une galerie noire, sa faculté d'adaptation à une construction différente du terrier, voire une action différente, sa morphologie, la qualité de l'entraînement, les conditions météorologiques, le degré de haine instinctive pour le fauve. Il y en a certainement d'autres.

Et nous venons à nouveau à cette autre composante du « mordant »   le comportement du renard. Lors de nos

épreuves nous assistons, schématiquement, à trois réactions différentes des fauves :

1)   le renard agressif, attaquant le chien dans la galerie ;

2)   le renard défensif, défendant l'entrée de la maire ;

3)   le renard lâche, se blottissant dans le coin le plus reculé de la maire sans réagir.

Suivant ce comportement, il est évident que le travail du chien se trouve considérablement facilité ou, au contraire, rendu très difficile. A l'extrême, un chien lâche peut arriver à faire prise et un chien courageux en être empêché (ce qui est moins grave dans le deuxième cas que dans le premier). Ce facteur renard est donc une des composantes essen­tielles du mordant.

il faut revenir sur deux autres composantes citées plus haut. La condition physique et l'entraînement sous terre. Nous voyons trop souvent des « saucisses > de chiens, trop bien nourris, gras mais non musclés par absence d'exercice physique ; cela est un grand handicap pour le chien lorsqu'il s'agit de travailler. Trop souvent les forces ne suffisent plus à ce dernier sursaut d'énergie que demande l'attaque déci­sive avec prise. A ce sujet, je me rappelle d'une exposition de beauté, voici une dizaine d'années, où j'ai commis la faute impardonnable et répréhensible aux yeux de quelques dames bien intentionnées certes, de laisser mon chien au soleil durant deux heures. Mais comment croit-on pouvoir mettre les chiens en condition physique pour le travail sous terre ou pour le travail tout court ? En l'engraissant comme un cochon, en lui évitant toute fatigue et de surcroît en le confinant dans une chambre tempérée ? Quelqu'un a-t-il déjà mesuré la température qui existe sous les planches, lors d'une épreuve BHFK en été, que le terrier soit ou non ombragé ? Et puis, dans le cas particulier de cette exposi­tion, hommes comme chiens étaient obligés de rester expo­sés au soleil pour la bonne raison qu'on ne trouvait pas d'ombre. Ces dames, elles, avaient trouvé la parade : un parasol. Mais allez donc suivre le chien avec une ombrelle lorsqu'il chasse le lièvre en plaine ou lorsque vous faites une recherche de gibier par 30" de chaleur !

Donc, le chien doit être en excellente condition physique ; les longues promenades, les courses derrière bicyclettes ou au:o sont excellentes. De grands espaces autour de la maison avec possibilité de creuser des trous, de jouer, de courir, y sont d'un grand secours. Et cela par grosses cha­leurs ou grands froids, beau temps, pluie ou neige !

Venons-en à l'entraînement sous terre proprement dit. Alors que la menée à voix, le broussaillage, la recherche sur piste artificielle sont des jeux pour le jeune chien, le travail sous terre par contre est une chose sérieuse, voire dange­reuse, en tout cas pas de la compétence d'un chien en pleine mutation physique et psychique. Nous avons vu qu'il faut de la force et beaucoup de courage pour maîtriser le renard ; rares sont les jeunes chiens en mesure de le faire. En tout cas les risques sont nombreux et le sigle BHFK/J ne les justifie pas. On ne devrait pas commencer ce travail avant l'âge de dix-huit mois ; nous sommes tous trop impatients de savoir ce dont notre chien est capable. Ainsi trop de chiens sont cassés, quelquefois définitivement : ils gardent un mauvais souvenir de ces premières expériences qui doi­vent logiquement se terminer à leur désavantage. Bien sûr on peut, par exemple, n'entraîner qu'à la grille. Cependant, la pratique nous montre que des erreurs de manipulations des grilles sont vite commises et ce qu'il fallait éviter devient irréparable.

Je n'insiste pas sur l'entraînement proprement dit si ce n'est pour affirmer que je crois en la progressivité des exigences et difficultés allant de pair avec la prudence et surtout ce sentiment de supériorité que les chiens doivent acquérir ; les renards lâches et inoffensifs sont d'un grand secours lors de l'entraînement du chien novice. Egaliser les forces en présence est là aussi le premier commandement.

On ne peut parler d'entraînement et d'épreuve sous terre sans évoquer le terrier artificiel lui-même, autre composante de cette discipline « mordant ». Il existe encore trop de diffé­