de la combe murat

de la combe murat Teckel poil dur

Teckel poil dur

Récits de Chasse

Récits de Chasse

VENERIE SOUS -TERRE EN CHAROLAIS

 

Nota : les récits ci-dessous onts tous été édités dans la revue Teckels

 

Dimanche 15 mai 2001

Je quittai Lyon sous des trombes d'eau, et arrivai vers neuf heure du matin à Marcilly sur Gueurce, près de Charolles, l'ancienne cité de Charles le Téméraire, justement surnommée "Petite Venise du Charolais".

A ma grande surprise le soleil était présent, illuminant les riches herbages où paissaient les célèbres bovins à la robe blanche. Je me rendis sur le lieu de chasse où un apparenté teckel d'une douzaine de kilos, appartenant à Ludo, membre expérimenté de l'équipage du Val de Saône, était déjà au travail.

Les buttes de blaireau, bien visibles, étaient situées sur un talus d'une cinquantaine de mètres, où s'alignaient des arbrisseaux et une végétation sans épines. Ce tertre approximativement d'une hauteur d'homme, séparait deux prés. Les galeries s'enfonçaient d'une dizaine de mètres dans la pâture du dessus, à une profondeur légèrement inférieure à celle du dénivelle. Le chien mis au trou dans une des entrées du talus, fut rapidement au contact. Un ferme distinct et intermittent, quelques aboiements non rageurs, suivis de longues minutes de silence. Michel Galland, maître d'équipage du Fond de Massy, décida de creuser à environ cinq mètres du talus, au dessus des échos du ferme, qui allait et venait lors du terrassement. Rapidement le fer de la pioche résonna douloureusement sur un lit de caillasse, qui allait nous compliquer la tâche sur près d'un mètre, une fois cette barrière franchie, nous repiochâmes dans une terre plus meuble. Nous étions sept à manier les pelles pour déblayer notre tranchée, deux jeunes qui s'initiaient au déterrage, un ancien connaissant bien sa région, Pascal Fabre propriétaire de teckels, Ludo, Michel Galland et moi même. Nous débouchâmes sur une galerie, où le chien de Ludo vint prendre de l'air, et fut remplacé par mon teckel à poil dur "Joker de la Grande Futaie" , qui promptement au contact, soutint un ferme rageur d'une voix forte, qui étonna les membres de l'équipage. Ferme sans discontinuité, avec déplacements en va-et-vient sur la dizaine de mètres de longueur du terrier. Deux fois à un quart d'heure d'intervalle il y eu prise de plusieurs minutes Je pensai immédiatement à des prises gueule dans gueule, et m'inquiétait auprès du maître d'équipage, s'il était prêt à recoudre mon fidèle Joker en cas de blessure.ilm'assura que ce serait sans problème. J'essayai vainement de faire sortir mon chien, afin de le remplacer, mais selon son habitude il ne quitta pas son poste. Les prises semblaient bien dues au chien, il n'y avait aucune plainte, seulement un souffle rauque et hargneux .Le ferme paraissait stabilisé, une seconde tranchée fut ouverte, débouchant sur le blaireau, qui vivement saisi par deux pinces, fut servi à la dague. Joker ne souffrait que d'une légère estafilade sur le dessus de la tête, ce qui infirma la prise gueule dans gueule, et semblait réitérer la réussite de prises consécutives sur le dessus du crâne de notre plantigrade (1) .L'animal était un vieux mâle de douze kilos et demi, tout en muscles, au poil hirsute et à la dentition usée. Il lui manquait un bon morceau d'une oreille, mais l'amputation semblait ancienne, probable souvenir d'une bataille épique avec un rival. Il était près de midi, je remis Joker au trou, après un court instant s'engagea un nouveau ferme, sur une position où il n'y avait pas eu de travail Une vingtaine de minutes plus tard, il est venu respirer, et fut remplacé par une chienne teckel elle même relayée par le chien de Ludo, qui firent tous les deux un excellent travail Pelles et pioches entrèrent à nouveau en action, pour une ultime fouille, jusqu'à la mise à jour d'une galerie fraîchement creusée par la seconde bête, qui s'était contre terrée sur près d'un mètre, la rendant inaccessible aux chiens. Seul un étroit goulet subsistait, lui per--mettant de respirer. Après avoir dégagé ce dernier rempart, une femelle de dix kilos et demi fut à son tour daguée.

Quelques gouttes de pluie arrivèrent de l'est, sans toutefois nous gêner pour le rebouchage, donnant seulement au feuillage une brillance éphémère. Notre maître d'équipage nous invita à partager un repas bienvenu, où les discussions sur notre passion commune allèrent bon train, clôturant ainsi de la plus conviviale façon cette journée de chasse en Charolais.

Bernard GANDIT _ Franck LECLERCQ

Juillet 2001
 

LES SANGLIERS DE LA BARTE A BOUDU


 



LES SANGLIERS DE LA BARTE A BOUDU

Pour Noël 97,je fus invitéà une battue au sanglier en Ardèche. près du village de Burzet, où chaque Vendredi saint , la procession de la Passion rassemble une foule de fidèles venus de toute la région. Nous avions rendez-vous en début de matinée avec le spécialiste local du pied, qui autour d'un substantiel casse-croûte, nous décrivit avec force détails ce qu'il avait vu; à savoir le passage récent d'une compagnie de cochons, au lieu-dit "la barte à Boudu".Les "bartes" étant en parler vivarois, d'anciens terrains de cultures étagées.que soutiennent des murets de pierres sèches que l'on appelle des "faïess".Ces "bartes" sont maintenant recouvertes de genêts denses et plus hauts qu'un homme, qui en font le gîte idéal des sus scrofa ardéchois.

Nous arrivâmes sur le lieu de chasse vers onze heure trente, et les chiens furent immédiatement mis sur les traces relevées quelques heures auparavant. La friche était presque carré, d'environ trois cent mètres de côté, bordée à une extrémité par un terrain planté de châtaigniers, dont les bogues couvraient le sol d'un tapis hirsute. Mes deux teckels à poil dur ,Myrtille et Jocker de la Grande Futaie, ainsi que trois griffons, prirent la voie après avoir flairé la terre marquée de vermillures profondes. ou plutôt de "fiusignées" comme l'on nomme dans le dialecte coloré d'ici, les coups de groin du sanglier à la recherche de sa nourriture Nous libérâmes les chiens, qui donnèrent de la voix, dés qu'ils s'engagèrent plus profondément dans la végétation touffue. Une menée opiniâtre s'engagea, détournant les meneurs de courants, qui quittèrent la traque pour mieux écouter le chant des chiens. Un tireur mal posté, aperçut un ragot d'une soixantaine de kilos.

Pourtant habitué aux ronciers de la Loire, je pénétrai avec difficulté dans l'épaisseur végétale, où mon seul horizon ne fut bientôt plus qu'un mur mouvant qui semblait retenir chacun de mes pas. J'étais fort heureusement équipé de gants de peau, d'une double paire de pantalons de toile robuste, et d'une veste épaisse, qui m'épargnèrent bien des égratignures, après que des racines sournoises m'eurent fait continuer ma progression à quatre pattes. Du bois fut briséà quelques mètres de moi, avec de forts craquements. Je m'immobilisai, tous les sens en éveil, essayant d'identifier chaque bruit environnant. Deux détonations sèches, puis une troisième se répercutèrent longuement à travers les collines broussailleuses. Je repris ma marche à travers la "barte",en rappelant mes chiens, qui ne réap­parurent qu'une heure plus tard. Les trois griffons ne furent récupérés qu'après deux jours d'errance. Deux laies de quatre vingt un et soixante cinq kilos avaient été proprement couchées par un magnifique doublé de 9,3x74R .Un second tireur avait manqué une bête d'une quarantaine de kilos. Je remis mes teckels au travail sur les lieux mêmes. Ils parcoururent une centaine de mètres dans les genêts, avant d'empaumer une nouvelle voie. Ils traversèrent de nouveau le fouillis de rameaux presque jusqu'à l'orée de la châtaigneraie, distante approximativement de deux cent mètres. Un seul coup de carabine troubla la quiétude de l'agreste paysage, et une bête noire de quarante kilos .s'ajouta au tableau. La fatigue commençant à se faire sentir, Myrtille et Jocker baissaient pied sur la route, ayant visiblement décidés d'arrêter là leurs exploits cynégétiques. Je rappelai mes chiens dans les genettiers, décidant une dernière attaque de la "barte", persuadé qu'elle abritait encore quelques suidés esseulés. Myrtille et Jocker se remirent rapidement au travail.

 

Je tentai de les rejoindre avec maints efforts. lorsqu'une dizaine de minutes plus tard, retentit un ferme roulant, qui se déplaça très vite sur la hauteur du site. Huit minutes s'était à peine écoulées quand éclata un coup de feu. Un mâle estiméà près de deux cent livres, fut tiré et légèrement blessé, il se déroba accompagné de deux jeunes. Quelques gouttes de sang s'accrochaient aux ramilles, semblables à des baies sauvages trop mures, éclatant sous les doigts. L'absence d'écume et d'esquilles osseu--ses confirmèrent une blessure peu profonde. Une heure et demie s'écoula, avant le retour de mes chiens à leur point de départ, la langue pendante, mais indemnes.

Le retour au hameau fut animé par les conversations des chasseurs Burzetins, impressionnés par l'efficacité de mes deux partenaires, à pousser les cochons hors de leur repaire. Je connais bien le comportement de mon mâle. Jocker de la Grande Futaie, qui sait fort à propos donner des coups de dents dans l'arrière train d'un sanglier, sans jamais se pendre après, tout en maintenant un ferme soutenu et criant. L'ambiance qui régna au dépeçage puis au partage du gibier, fut cordiale et les participants loquaces. me firent promettre de revenir traquer dans ce décor à la fois sévère et envoûtant des montagnes ardéchoises.








 


Bernard GANDIT Franck LECLERCQ

Septembre 98

LE SOLITAIRE DE LA CROIX-MONTJEAN


LE SOLITAIRE DE LA CROIX-MONTJEAN

La brume accrochait ses lambeaux aux griffes des arbres nus, et la cime des sapins s'estompait dans la grisaille d'une matinée de janvier. Le temps était bas sur la Croix-Mont Jean, un lieu-dit sis sur la commune de Villemontais dans la Loire, mais il ne pleuvait pas. Très tôt, un traqueur accompagné d'un cocker et de trois courants, débusquèrent un gros solitaire, dont le poids fut estiméà deux cent quarante livres. La rencontre fut assez désastreuse pour les chiens, un des courants avait été vilainement tailladéà l'intérieur d'une cuisse, et le cocker proprement égorgé comme par un coup de sabre, rendit son âme de nemrod dans la voiture qui le conduisait chez le vétérinaire. L'affaire était grave, un tel forfait ne devait pas resté impuni. Une réunion des chasseurs locaux, parmi lesquels je me trouvais, rassembla plus de trente personnes et une meute d'une vingtaine de chiens, dont mon couple de teckels à poil dur Myrtille et Jocker de la Grande Futaie. La bête était retranchée dans un fouillis impénétrable de genêts épais étendu sur près d'un hectare, où s'enchevêtraient des ronces, dont certaines de la grosseur d'un doigt, s'hérissaient d'épines cuisantes. Après quelques palabres, on me proposait de lâcher Jocker dans les ronciers, afin de localiser le sanglier. Je décidais de libérer mes deux auxiliaires, à la surprise du propriétaire des chiens défaits le matin. Je savais par expérience que deux chiens étaient moins vulnérables qu'un seul, en présence d'un solitaire de cette taille. Myrtille et Jocker empaumèrent immédiatement la voie et trouvèrent le grand mâle qui n'était pas très loin de nous. Un ferme furieux s'engagea pendant cinq minutes environ. J'essayai de me rapprocher, mais malgré ma tenue épaisse et mes gants de peau, je ne progressais qu'avec difficulté dans cette exubérance végétale. Et je n'avais pas du parcourir plus d'une dizaine de mètres, lorsque le cochon démarra. Il sortit des fourrés dans un grand fracas de bois brisé, et se dirigea vers le bois, qu'il traversa. Un tireur pourtant postéà une vingtaine de mètres, fit feu, mais la brenneke se ficha en terre, sans rencontrer le gibier. Dès que le sanglier eut quitté le ferme les autres chiens ont été lâchés. Mais le brouillard toujours aussi dense ne permit pas aux autres chasseurs de tirer. En traversant les buissons, j'avais remarqué du sang sur le sol, et les basses branches, et j'étais fort inquiet pour Myrtille et Jocker. En redescendant à la rencontre du tireur, j'entendis distinctement quatre fermes successifs Nous partîmes à deux, en véhicule, à travers le sous -bois, et je ne récupérai mes teckels épuisés par deux jours de traque, qu'après une heure et demie de recherche. Pendant ce temps, la meute s'était dispersée et le couvert résonnait des menées divagantes des courants. J'examinai mes chiens, mais ils ne présentaient aucune blessure apparente. Le sang que j'avais vu, était celui des chiens maltraités le matin. Les chasseurs se regroupèrent, et chacun y allait de son commentaire ou de sa critique. J'entendis même l'un d'eux déclarer qu'il n'y avait pas eu de ferme, et que d'après lui le sanglier s'était dérobéà cause de l'agitation qui régnait autour de lui. Je savais .toujours par habitude, qu'un sanglier baugé, lorsqu'il sent du monde autour de lui, va se remisé encore davantage, d'ailleurs celui-ci dérangé plusieurs heures auparavant était resté au même endroit. Une brumaille chargée d'ombre recouvrait maintenant les pentes de la Croix-Mont jean, il était temps de rentrer. Quelque part sous des halliers obscurs, le grand mâle devait savourer sa victoire, son expérience de solitaire enrichie de cette nouvelle rencontre avec les hommes.

Bernard GANDIT Franck LECLERCQ

Septembre 98
 

LE RAGOT d'ECOCHE


LE RAGOT d'ECOCHE

Belle journée, dit Marc, un solide gaillard de 1’Allier, spécialiste de la bête noire. Il avait le matin même trouvé la rentrée dans l'enceinte de chasse, d'un cochon qui d'après son expérience devait avoisiner les quatre vingt-dix kilos.

Nous étions en janvier, sur la commune de Saint-Jean le Puy dans la Loire et malgré la fraîcheur saisonnière, le soleil illuminait la sylve d'une aura bienfaisante.

La battue s'annonçait sous les meilleurs augures, et la trentaine de participants devisaient avec entrain sur leur animal de chasse favori, en attendant que chacun rejoigne son poste. Les chiens, fox-terriers et teckels, tiraient sur leurs longes, impatients et excités. Le chemin longeait à droite, un ruisseau encaissé, encore plus volubile que les hommes. Sur la gauche le terrain en forte déclivité se partageait entre friches et sapins où depuis longtemps ronces et autres herbes méchantes avaient élues domicile. La ligne de crête se découpait avec netteté sur l'horizon, et derrière, le paysage plongeait dans une brande de genêttiers d'une trentaine d'hectares. Les chiens furent lâchés dans la sapinière. Myrtille et Jocker de la Grande Futaie mes deux teckels à poil dur ,ne tardèrent pas à débusquer un couple de chevreuils sous les halliers profonds.

Je récupérais mes chiens après plus d'une heure d'effort, les mis en laisse, pour les mener sur la brisée d'attaque déposée par Marc, sous la futaie, quelques heures auparavant. Les ayant découplé, ils empaumèrent la voie d'abord avec circonspection, puis s'ensuivit un rapproché méthodique ponctué de brefs éclats de voix. L'action se poursuivit jusqu'au bois de résineux, passa le sommet du coteau, pour redescendre vers la lande de genêts. dont les tiges dressées et flexibles ondulaient sous la brise. Les cris cessèrent, et je repérais mes chiens au discret tintement des clochettes accrochées à leurs colliers. Ma déjà longue connaissance sur la chasse au sanglier, me commanda de laisser broussailler mes auxiliaires canins. Après environ un quart d'heure de cette quête,1e lancééclata brutalement dès que Jocker eut relevé l'animal de sa bauge confortable. La menée qui suivit, décrivit une large boucle repassant par la sapinière pour rejoindre la friche. Mon cœur battait à tout rompre sous 1'enthousiasme du moment, quatre coups de corne confirmèrent l'identité de l'animal. La détonation sèche d'une carabine se répercuta à travers les collines. J'appris plus tard que le tir avait été effectué sans succès à une centaine de mètres, laissant notre bête poursuivre son échappée. Jocker de la Grande Futaie fut chaleureusement félicité pour son ardeur, et l'on m'affirma d'un ton admiratif que la poursuite avait été digne d'une meute de quinze courants.

Même si ce ragot court encore, ce fut une belle traque, riche d'émotions, et n'est ce pas ce que recherche avant tout le chasseur de grand gibier.








 


Bernard GANDIT  Franck LECLERCQ

Juillet 98
 

LE BLAIREAU DE LA COMBE ROFFAT


 



LE BLAIREAU DE LA COMBE ROFFAT

Il faisait plutôt doux pour une mi-novembre, et le tapis de feuilles jonchant le chemin bruissait joyeusement sous nos pas, annonçant une agréable partie de chasse au petit gibier. Nous étions trois, le président de la société, son frère et moi même accompagné de mon teckel à poil dur "Jocker de la Grande Futaie" , à arpenter la Combe Roffat. Le chien reniflait la terre sèche avare d'odeurs, son instinct de chasseur en éveil. Une épaisse haie d'épineux s'étirait le long du sentier, nous croisâmes un ruisseau au murmure cristallin. Jocker s'engouffra sous le roncier, et troubla la quiétude de l'instant de deux brefs aboiements. Puis sa voix se fit plus sourde, comme atténuée. Je compris qu'il venait de pénétrer sous terre; à la poursuite d'un quelconque habitant de terrier. En fait il s'agissait d'un conduit d'écoulement d'eau constitué de buses en ciment de trente centimètres de diamètre environ. L'installation était sèche, et ne devait se remplir qu'en cas de fortes pluies, ce qui n'avait pas été le cas de cet automne finissant. Les deux accès du conduit étaient distants d'une trentaine de mètres l'une de l'autre, mes deux partenaires me rejoignirent, et nous scrutâmes vainement le tunnel obscur. Je décidais d'aller chercher une torche électrique que je garde toujours dans ma voiture. Cela me pris une demi-heure et pas mal de sueur. Apparemment la lutte qui se déroulait à l'intérieur était acharnée, les échos nous en parvenaient assourdis. Malheureusement la tanière improvisée n'était pas en ligne droite, et le mince trait de lumière se diluait dans un coude enténébré. Je me rendis compte que l'animal repoussait mon chien hors de l'antre qu'il s'était approprié. Les bruits de 1'âpre combat qui se déroulait à nos pieds se firent plus proches. A quelques mètres de l'une des deux entrées, Jocker pris l'avantage et extirpa la bête de son gîte par une magnifique prise sur le dessus de la tête. Mes compagnons et moi même, étions stupéfaits lorsque nous découvrîmes l'adversaire de Jocker, un superbe blaireau d'une dizaine de kilos. Le chien desserra son étreinte aussitôt à l'air libre et le plantigrade profita de l'occasion pour s'esquiver de toute la vitesse dont il était capable. Une brève course poursuite s'engagea, et deux coups de calibre douze mirent fin au vagabondage de notre gibier. Le président qui m'accompagnait s'avoua fort impressionné de cette action et déclara qu'il gratifierait volontiers "Jocker de la Grande Futaie" des 100 points. J'examinais mon teckel avec attention, rien, pas une égratignure. Le chuchotement du ru se fit à nouveau entendre au fond de la Combe Roffat, comme si lui même s'était tu, pour mieux écouter les clameurs de l'épique rencontre.








 


Bernard GANDIT Franck LECLERCQ

Mars 98

BATTUE AU RENARD, EN DOMBES


BATTUE AU RENARD, EN DOMBES

 

Cette matinée de février 99, était douce et ensoleillée, et les étendues inertes et liquides scintillaient comme des plaques d'acier, que de rares nuages mamelonnés ne parvenaient à ternir. Je retrouvais avec plaisir la Dombes et ses charmes, pour cette battue au renard, près de Saint Jean de Thurignieux. Vingt tireurs et quatre traqueurs étaient réunis pour l'évènement Notre meute se composait des trois teckels à poil dur de Jean-Paul julot et Manon de la Grande Futaie et Lascar de la Corne aux Sereins, de trois courants et d'un croisé ressemblant fortement à un teckel à poil ras, appartenant au lieutenant de louveterie du secteur/ainsi que mon propre teckel à poil dur jocker de la Grande Futaie. Une terre d'une soixantaine de mètres de large sur cent de long, s'ouvrait devant nous, cernée sur ses lisières par un sous-bois. Le lieutenant de louveterie découpla ses chiens, apercevant au même instant près d'une exploitation agricole, un renard impudent, s'approchant de volailles insouciantes. Les aboiements dissuadèrent de son dessein le goupil, qui décampa à travers le labour. Un coup de fusil retentit, lâché par un chasseur embusqué, apparemment sans succès. Les quatre chiens prirent le renard en chasse. Jean-Paul voulut tirer sans lâcher Manon et Lascar, qui parvinrent à s'échapper. Robert tenait toujours Julot en laissent moi Jocker. Jean-Paul tira une fois, sans doubler, les chiens s'étant trop rapprochés du fuyard. ils finirent par s'empêtrer dans leur couple, et s'arrêtèrent, ce qui nous permit de les récupérer. Robert libéra Julot de la Grande Futaie, qui empauma la voie et lança la menée sur le renard. Jean-Paul me demanda de lâcher Jocker, mais je préférai garder mon auxiliaire pour continuerai l'animal était sérieusement blessé, Julot pourrait l'achever seul La menée se poursuivit sur environ deux cent mètres, et les clameurs d'une lutte frénétique retentirent. Julot était de retour cinq minutes plus tard, empuanti d'une odeur fauve, nous laissant présager de l'issue du combat Nous décidâmes de poursuivre la traque, nous déplaçant de quelques centaines de mètres, sur un site exubérant d'approximativement trois hectares, propice aux ébats des carnivores à la queue touffue. Nouveau lâcher des chiens, qui se mirent à broussailler,  ponctuant leur quête de quelques éclats de voix. Pas très loin de moi, j'entendis les cris du teckel à poil ras, qui essayait de démêler la voie dans un rayon d'une dizaine de mètres/selon toute apparence un animal était passé, mais le chien semblait pris en défaut. Quelques minutes s'écoulèrent, puis à une centaine de mètres de là jocker pris connaissance d'une voie, et la rapprocha, décrivant une courbe qui rejoignait l'endroit où rapaillait le teckel à poil ras. Sans marquer de temps d'arrêt jocker continua avec l'autre teckel Robert posté cent cinquante mètres plus avant, annonça à la voix, la vue d'un renard. Les autres chiens rameutés commencèrent une menée rapide, jusqu'à lui soufflé au poil. Le renard essaya de débucher, mais un premier tir le contraignit à retrouver la protection illusoire du  couvert  iltenta une autre sortie, choisissant cette fois la profondeur des taillis, devancé par un deuxième tireur qui mit un terme à ses pérégrinations. Jean-Paul ,Robert et moi même, rejoignîmes le premier tireur .A ce moment là, j'entendis Jocker relancé une menée à quelques deux cent mètres. Le second tireur portant le renard, m'annonça que mon chien, accompagné du teckel à poil ras, venaient de lever un brocard. Les deux chiens traversèrent le bois, puis un espace labouré, jusqu'au chemin où était postée une ligne de tireurs, qui ne purent arrêter Jocker .Ce qui ne m'étonna guère, connaissant la tactique de mon chien, qui lorsque l'on veut le couper sur sa menée, décrit une boucle d'une dizaine de mètres autour de l'intrus, pour recouper la voie derrière. J'arrivai près du teckel à poil ras, qui paraissait à bout de voie et tournait sans avoir traversé la sente. Finalement, Jocker à quelques deux cent mètres, fut rameuté par le teckel Je l'appelai en vain. Je rejoignis Jean-Paul, traquant dans une autre partie du bois, en huchant Jocker en continu. Un quart d'heure plus tard, réunis avec les tireurs jocker réapparûmes oreilles ensanglantées, griffées à l'intérieur comme s'il me ramenait une preuve de son allant Les tireurs avaient entendu la menée du brocard près d'une heure, estimant à une boucle d'environ un kilomètre cinq cents, ils furent surpris par l'aptitude de chien courant du teckel Un coup de feu isolé nous prévint de la découverte de la dépouille du premier renard, promptement achevé par Julot, alors que blessé, il allait se réfugier dans un trou. Après nous être rassemblés, nous décidâmes d'une dernière traque, pour clore cette mi-journée.

Nous lâchâmes la meute à quelques kilomètres de là, dans une futaie circulaire, ressemblant à un oppidum romain. Aussitôt, un courant démarra sur un chevreuil. Jocker le rameuta, je me précipitai en appelant fermement mon chien. Au moment ou Jocker goûtait la voie du cervidé, il s'immobilisa, je le rejoignis pour le remettre en laisse. Je le relâchai cent mètres plus loin, dans un fourré de ronces basses. Le chien amorça un rapproché, lançant des éclats de voix discontinus. Le museau plaqué au sol, en décrivant des orbes. Je compris qu'il ne s'agissait plus d'un brocard, car il aurait travaillé le nez haut. Jocker évoluait rapidement, jusqu'à s'éloigner d'une centaine de mètres de moi. Un tireur établi à proximité, m'appris qu'un coq au plumage éclatant venait de se lever à moins de dix mètres de lui. Au retour, chacun y allait de sa petite anecdote, évoquant les rabattages passée, ou projetant les futurs. Il fut également beaucoup question du travail varié que mena Jocker de la Grande Futaie durant cette battue, étonnant ainsi bien des participants.

Nous laissâmes derrière nous, les grands arbres nus, qui semblaient tendre vers le ciel de longs bras décharnés. Muette invocation de cette campagne dombiste dont les racines de la chasse et de ses traditions se mêlent étroitement à celles du temps.



B.GANDIT

F. LECLERCQ

Mai 99